Sur éric michel par Dominique Fabre

Eric Michel nous donne à voir une œuvre multiforme, qu’il s’agisse d’installations lumineuses, de signalisations urbaines détournées, de vidéo, où vient affleurer sans la ramener l’esprit de l’enfance, c’est-à-dire une forme très simple et pure d’émerveillement. Il fait aussi des tableaux,  photographies retraitées, des peintures et des collages, résidus recomposés des vieux papiers du monde, écrins composites du  quotidien. A chaque fois que je regarde son œuvre déjà abondante je me dis : hé oui, il est ici le monde, c’est bien ça. J’aime beaucoup chez cet artiste cet acharnement à  nous faire partager, comme de l’intérieur de l’impersonnel, ces émotions si denses et rarement exprimées, ou la qualité du silence qui nous saisit parfois, en face d’une fenêtre, ou en face – ce n’est pas facile d’être en face !- d’une lumière en train de naître, et qui nous attend patiemment, pour éclairer.. nous-mêmes probablement.

Eric Michel s’intéresse  à la source de notre regard. Il y aura sans doute ici, à Draguignan, pour chacun d’entre vous, comme partout où il expose ses œuvres, un endroit ou une œuvre dont vous ne détacherez pas facilement les yeux, ou qui vous accompagnera aussi comme on rêve, quand vous les fermerez. Un recueillement  pour votre regard, un point d’ancrage. Je suis sensible aussi à l’ouverture de ses œuvres au monde, à leur dimension voyageuse, de l’Asie à New York, jusqu’ici. C’est que partout il déplace avec lui ce regard aigu et très doux, qui est lui, artiste, sur la lumière : comment nous y vivons et comment elle nous abrite, comment aussi elle nous cache ce qui nous entoure et qu’il nous redécouvre, notre vie.

Dominique Fabre, juillet 2007