Hors série code d’accès special slick 08

HORS SERIE CODE D’ACCES SPECIAL SLICK 08

 

Cher Eric, Depuis quand et comment êtes-vous devenu artiste ?

 

Il m’est difficile de donner des dates précises. Les choses se sont faites par étapes, mais l’art a toujours été au centre de ma vie. Mes parents m’ont inscrit très jeune dans une Ecole d’Art Martenot où j’ai suivi des cours d’éveil musical et d’arts plastiques. Je me suis dans un premier temps tourné vers la musique (le piano, puis le rock underground), tout en menant de front des études scientifiques. Puis vers la fin des années 80 je suis revenu progressivement vers les arts plastiques, tout en poursuivant en parallèle une carrière dans la finance. Finalement, en 2003, sélectionné pour la Biennale de Kawasaki, j’ai décidé de me consacrer entièrement à l’art.

Si vous travaillez divers médiums, pouvez-vous me préciser ce qui guide vos choix ?

Je ne m’interdis aucun médium a priori. Je suis en quelque sorte un artiste multi-média au sens strict. Ma palette inclut les média traditionnels (peinture, sculpture…) tout aussi bien que la photographie, la vidéo, la musique (samples, compositions).
Ce qui guide mon choix est la direction de mon travail, entièrement centré sur la lumière et la dualité matériel/immatériel. Dans le processus de création, ce qui m’importe c’est la recherche de résonance, de vibration, de sensibilité pure qui peut émaner à tout moment de n’importe quel médium, ou de l’interaction entre plusieurs média (par exemple dans mes œuvres d’immersion)

Quelles sont vos sources d’inspirations ? (qu’elles soient passées ou actuelles, littéraires, musicales, cinématographiques ou plastiques…)

A l’instar de ma discipline multi-média, mes sources sont multiples et nombreuses sont mes dettes envers les maîtres, les amis, la communauté artistique.
En littérature, je citerai Roland Barthe et Henri Bergson qui m’ont permis de structurer ma pensée dans mes débuts. La musique m’a toujours inspiré et la liste serait longue : citons Bartok, Miles, et bien sûr la musique underground (Joy Division, Wire) et indé (Godspeed…).
Dans les arts plastiques, mes influences sont centrées sur Mark Rothko, Yves Klein, James Turrell, Dan Flavin, Bill Viola. J’attache également une importance particulière aux artistes qui ont réfléchi et écrit de si belles pages sur le processus créatif : Paul Klee, Francis Bacon, Henry Moore… 

 Comment situez-vous votre œuvre à l’aune de l’histoire de l’art ?

Avec grande humilité. Même si un artiste se veut « engagé » (dans une pensée, un courant artistique), il ne peut prétendre, à mon sens, au recul nécessaire pour situer son œuvre. Le temps historique a une horloge interne très différente de celle du temps humain.
Même si mon travail est souvent apparenté au courant minimaliste et aux recherches de Dan Flavin, je me sens plus proche d’Yves Klein et James Turrell par leur sensibilité à la frontière entre matériel et immatériel. La lumière est cette double-peau qui unit les deux facettes d’un même monde, comme un passage – le Miroir d’Alice. Je pressens que les découvertes futures sur la lumière, en termes scientifiques et philosophiques, pousseront les historiens d’art à repenser leur lecture des oeuvres d’artistes qui travaillent dans ce domaine. 

Pensez-vous, comme Dostoëvski, que « l’art sauvera le monde » ou plus particulièrement que votre travail a une incidence sur le monde qui vous entoure ?

Je crois que l’art, sous toute ses formes, a déjà « sauvé le monde » à plusieurs reprises. Il semble que l’art, depuis les temps les plus reculés, a eu un rôle d’échappatoire, de soupape de sécurité, de recherche d’absolu, qui a certainement ouvert les esprits à une forme de poésie, une voie vers la sérénité. Aujourd’hui les dysfonctionnements du monde m’interpellent et j’espère que mes engagements, mes visions, et mes créations, à leur humble échelle, ont une quelconque incidence, même minime, sur mon entourage. 

Qu’attendez-vous de votre galerie et/ou d’une foire ?

De ma galerie : qu’elle soit disponible et passionnée. Disponible pour comprendre mon travail et son évolution. Passionnée pour maintenir une ligne artistique claire, ouverte mais crédible dans ses choix d’artistes, indépendante des « modes ». Qu’elle comprenne les mécanismes du monde de l’art et la psychologie des collectionneurs, sans en être prisonnière. Qu’elle soit audacieuse dans ses projets pour stimuler ma création.

D’une foire : qu’elle soit un véritable lieu d’échange – pas uniquement commercial – mais échanges d’idées, communication, plaisir, divertissement… un lieu de vie, d’inspiration.
Les « grandes » foires se sont malheureusement éloignées de ce modèle et engagées dans un processus inflationniste (nombres de galeries, nombres d’artistes, prix ahurissants…).

Heureusement certaines foires comme Zoo Art Fair ou SLICK ont su recréer l’atmosphère d’une « vraie » foire d’art contemporain, libre, sauvage mais exigeante, un forum vraiment ouvert entre artistes et collectionneurs, où les galeristes peuvent retrouver leur véritable place.